Sandrine Décembre

Psychanalyste à Paris 5ème

Prise de contact et de rendez-vous au +33607145819

Faim de vie

J’accompagne des résidents et patients en “Fin de vie”.

En les écoutant parler de leur “Fin de vie”, j’entends “Faim de vie” qui m’apparaît plus proche de leur “verbatim”, de leur langage, de leurs mots.

Et même si certains verbalisent leur volonté expresse de “mourir”, celle-ci s’exprime “en-corps” et “tous-Jours” avec cette “Faim de vie” car ils semblent “gourmands” de cette vie dont ils ne paraissent ne vouloir ne conserver que la “Faim” même dans cette volonté parfaitement exprimée d’une fin choisie, pensée.

J’entends en les écoutant que même lorsque les patients et résidents expriment clairement vouloir mourir c’est pour bien vivre ce départ donc dans cette volonté de se préserver avec cette “Faim” de bien vivre leur Fin.

Voici ce que m’a appris cette écoute jusqu’alors de Madeleine, Jacques, François, Louise, Germain, Mathias. Je pourrais vous lister chacun d’eux.

Une “Faim” à entendre

A l’écoute et à la lecture de leurs paroles, je pense alors à chacun de nous et à une société qui peut-être devrait reconsidérer l’écoute de nos semblables.

Pour préciser : je demande à chacun de mes patients l’autorisation de prendre en notes précisément son “verbatim”, ses mots, expressions afin de rester au plus proche de leur expression. Ils acceptent toujours. Ils expriment aussi bien souvent leur surprise à être écoutés de la sorte. Ils se disent reconnaissants.

L’un d’eux me dit : “ C’est un peu comme si je faisais du stop discrètement sur le bord de la route, dans un couloir du centre de Gériatrie, dans mon lit au passage du personnel médical et personne ne s’arrête. J’apprécierais de faire un petit bout de chemin, quelques mètres avec l’une ou l’autre. De papoter. Papoter sans que l’on me parle comme à un enfant car je reste un adulte même si en chacun de nous il y a l’enfant que nous avons été. J’apprécierais en effet de raconter mon expérience Inédite de cette mort dont je m’approche. Mais tout le monde est occupé, puis ça peut faire peur de parler de la mort et chacun a sa vie. Il y a tant d’urgence à gérer. Je vais mourir ce n’est pas une urgence”.

Et pourtant, si le premier cri du nouveau né est à entendre et est attendu comme un signe de vie, est-ce que le dernier souffle, mot ne devrait pas être à entendre avec autant d’écoute comme un signe de vie.

Si nous pouvions offrir ce temps d’écoute à nos semblables, nos vies ne prendraient-elles pas une autre dimension ? Notre nouvelle économie psychique en serait-elle modifiée à être là quand un dernier mot est adressé ? Lacan n’a t’il pas rappelé que nous sommes des êtres de langage, du Parlêtre ?

Enfin, j’apprends ce 10 février que les Français plébiscitent l’idée d’un référendum, notamment sur la « fin de vie ». 84% d’entre eux se disent en effet favorable à une consultation. Je me demande alors  si l’écoute des derniers cris, mots de nos semblables ne serait peut-être pas un “+ de vivre”.

Source : https://www.ipsos.com/fr-fr/politique-88-pourcent-des-francais-sont-favorables-lorganisation-de-referendums

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